Chez nous, ça se passe comme ça ;)
Texte d'un bon ami qui a la plume facile et qui a fait le résumé de la sortie annuelle, traditionnelle, de notre Estofinade ou Stockfish en Aveyron !
14 février 2011
En novembre, il y a le beaujolais nouveau, pas très bon au demeurant, encore que, au bout de quelques verres, la dégueulasserie du produit apparaisse moins criante.
En décembre, il y a les crustacés, la dinde au marrons et les chocolats qui nous font un estomac comme un ballon de coupe du monde, et les bouées de sauvetage qui vont avec.
Bouées qui sauveront jamais rien du reste, à part le chiffre d'affaire des marchands de ceinture.
En janvier, la galette des rois, tu sais, ce truc où tu finis immanquablement le blaire rosi, le pantalon débraillé, la chemise en évasion et la couronne de travers, l'air un peu – beaucoup – con sur les photos qu'on te repasse toujours au mauvais moment..
En février il y a les crêpes, où la question la plus dure, la plus existentielle,est de savoir si tu l'accommode avec le sucre, craquant, le Nutella, graissant, la confiote, aimante ou encore le caramel au beurre, bretonnant.
La peur de manquer, c'est terrible.
Alors pour le coup, les aveyronnais nous ont inventé le Stockfisch pour continuer sur la bonne tradition hivernale de toutes cette ripaille bien de chez nous.
En bons voisins, nous ne manquons pas, tous les ans bien scrupuleusement, de faire une petite visite à nos amis sudistes de la province décazevilloise.
Cette année, je vais pas refaire ici le circuit moto car je m'en rappelle pas.
C'est dans le sud, ça c'est sûr.
Mais c'est incontrôlable tout ça, imparable, trop tôt, trop loin, trop embrumé, trop hypnotisant, trop tournicotant, on peut pas lutter alors autant se détendre la couenne et suivre le mouvement.
Et du reste, le maquis aveyronnais n'est indiqué sur aucune carte ni GPS, il n 'existe que dans la tête de ceux qui savent… les adoubés…les initiés… les agréés… en clair les petits gars qui sont tombés dedans petits.
Et toi, le gars de la ville, tu peux te gratter pour retenir ne serait-ce que la moitié du quart du parcours.
En plus, « j'ai le QI d'une huitre » disait souvent le regretté Jean Yanne.
Je le vois souvent comme ça moi aussi, mais ça m'arrange souvent.
La seule chose que je sais, c'est qu'on m'a sorti du lit à pas d'heure, que je me suis sapé à la va-comme-je-te-pousse, que je suis monté sur ma moto dans la fraîcheur matinale et que j'ai roulé avec d'autres égarés comme moi.
Le temps était normal, blanc, ça caillait moyen et on a roulé, roulé, roulé comme ça pendant des heures, sur des routes dont a même pas idée, des chemins tortillards d'un autre monde peuplés de gensses curieux à l'assent étrange et rigolard, en des endroits insolites pour à la fois un mec…normal…de la ville, et un dimanche matin vaporeux.
Heureusement au loin, une moto orange nous sert de phare, de balise, et si d'aventure le phare s'éteignait, nous serions perdu comme le matelot dans la brume.
Alors au bout de trois heures de ce périple surréaliste, le convoi s'arrête, comme ordonné par un lien télépathique.
Et là, curieusement, comme un seul homme, tout le monde laisse son brêlon fétiche bien quillé dans un coin, range mollement ses petites affaires dans des cubes en plastique avec des serrures qui font « scrouitch », se regarde placidement et se précipite dans un cube en béton marqué « Restaurant » dessus.
Et là, pareil, autant avant on avait roulé…roulé…roulé… sans s'arrêter,
autant après on a mangé…mangé… mangé…et sans plus s'arrêter.
Avec mon QI d'huitre, je me rappelle à peine ce qu'il y avait dans les assiettes mais c'était comme il se doit frugal… essentiel… simple et basique…du brocoli à l'eau minérale quoi.
Faut pas faillir à la tradition, en France, tant qu'on aura, dans l'ordre ou le désordre, du pétrole, des idées, des motos et du Stockfisch, on sera pas les plus à plaindre.
En mars, y'a quoi déjà le gone?
J'en profite pour remercier l'organisateur et les aimables participants qui se reconnaîtront, les pêcheurs de morue qui risquent leur vie pour nous, l'Aveyron pour ses petites routes loin du monde et de la fureur de notre époque moderne, les joueurs en bleu qui ont animés l'après midi et les indigènes aveyronnais avec qui mes rapports furent aussi divers qu'enrichissant.
Je ne remercie pas les réveilles-matin insolents, les joueurs en vert qui nous marquent des essais arrogants, les galtouses de Stockfisch qui se vident toutes seules, les fabricants de coupes à fromage-blanc jamais assez profondes,
les fins d'après midi qui noircissent trop vite, les automobilistes fatigués du dimanche soir avec qui mes rapports furent aussi divers qu'enrichissant.
A Bientôt pour de
nouvelles aventures.
Panoramix
Quand à moi je mets un petit film de la balade aller !
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Sujet: Moto, Stockfish, dodo 
