HAT 2017, Survie en milieu hostile ou un poireau à Koh Lanta

Février 2017
Franck : Bonjour, je pense faire la HAT discovery, tu viens ?
Manu : Bah, la HAT disco, c’est trop simple, on va faire la HAT classique !

06 septembre 2017
Franck : Vu les conditions météo, avec de la pluie entre 18h00 et 20h00, je prendrais bien mon 600 TTRE pour assurer.
Manu : Avec le niveau que tu as, prends la grosse !
 
10 septembre 2017, Setrieres, après 22h45 d’effort et 8 heures de déluge (avec les éclairs, le tonnerre…)
Franck : Bon les gars, vous voyez la 1200, ben c’est la dernière fois que vous la voyez sur ce type d’épreuve !
Revenons, 8 chutes et 24 heures avant…à San Remo.
 
Bon fini les motos des années 80/90 le paddock est constitué de moto type GS, KTM 1190 et 1290, plein de motos d’enduro (qui font moins de 150 kg). Une équipe de 1200 HP2 a priori Touratech avec un camion d’assistance (que je prendrai 14h00 après le départ pour un CP volant), des anciennes gloires de la moto italienne, un quinzaine de nationalité (un canadien, un quatari des sud-africains, des serbes, un bosniaque, un monégasque…)…soit 472 participants (dont Fred 74).



Départ à 12h45 avancé de 30’ à cause de la pluie annoncée sur les premiers kilomètres. Les numéros postérieurs au 100 éviterons les 40 premiers kilomètres de TT en passant par la route. Nous sommes le N° 69 soit les 10^ème à partir (les 59 premières équipes sont sur la discovery) donc on fait la totale !
Première chute, pour moi au bout de 10 kilomètres de chemin facile, je regarde derrière pour voir où sont mes collègues et je loupe le virage et termine dans les herbes…la grande classe !
14h00, tiens, il pleut ! Début de Koh Lanta en 1200 GSA….

15h00, tiens, dans une descente, la moto s’arrête ? un coup de GS 911 pas de code panne. La jauge est au 2/3 mais j’ai une autonomie de 7 kilomètres et j’entends un léger fond de réservoir. Super, ma 2^ème panne de jauge en 40 000 km et justement sur la HAT. Bon je siphonne, un litre d’essence sur la 800 GS de Benoit et repars. 10 km après, toujours sur les pistes et loin d’une station, tien la moto s’arrête, je siphonne 2 litres sur la Katoche de Fred et fais l’erreur de ne pas voir arriver l’essence lorsque j’aspire. J’avale l’équivalent de 10 cl de 95. Nous repartons, et panne d’essence à 10 km de la station de tende. Un italien en 80 GS Paris Dakar, s’arrête et me sort une bouteille d’Evian de 1,5 L de pseudo essence de couleur orangée de son Krauser. Elle vient de Mauritanie….Et me permettra d’aller jusqu’à la station de Tende.

Nous restons bloqué 30’ sur la route vicinale qui fait prendre la piste qui retourne sur l’Italie, c’est un mariage avec les invités qui bloquent les accès pour se garer avant d’^tre pris en 4x4 pour monter sur une bergerie….

Bon j’en suis à la 3 ème chutes et je fais des rots qui sentent l’essence. A Limone, vers 22h00, je me demande si je ne vais pas abandonner et me rendre au centre anti poison de l’hôpital. Quand je parle, cela sent l’essence, j’ai des nausées et un mal de tête avec des scintillements sur la vue. Laisser la moto en Italie, aller à l’hosto alors que j’ai une réunion mardi c’est pas un bon plan. Je continu…Nous remarquons qu’il n’y a a pas grand monde sous la tente pour manger (et un seul gars dort sans le reste de son équipe).
Nous prenons le parti de ne pas dormir et de boire des red bull (c’est vraiment pas bon), comme 98% des autres participants (tu dors où quand il pleut à verse ?) et pour arriver dans les délais. Je suis lent mais ne m’arrête que pour remonter ma moto qui est tombée, donc globalement nous sommes dans les premiers.

La nuit tu n’y voit rien. Avec la pluie et le brouillard, tu avances à 25 K/h et regrette de ne pas avoir pris ton 600 TTRE (et même d’être là alors que tu serais mieux dans ton lit).

23h00 (environ) une montée, je m’écarte pour laisser passer l’équipe de Touratech et plante la moto bien droite dans une ornière. Elle est posée au milieu de la piste, donc la prochaine équipe sera obligée de m’aider puisque la mienne est devant (et tu ne reviens pas en arrière quand tu te tapes ce genre de montée). 10’ pas de moto, 20’ pas de moto, 25’ le bruit d’une moto en descente, content de voir Manu revenir avec sa 1200 Ténéré pour m’aider. Bon je me fais engueuler (j’ai l’habitude), il m’aide pour sortir de l’ornière et je tombe 1 mètre plus loin (et je me refais engueuler). « Bizarre, y’a plus de moto qui nous double… ? ». Là, Benoit me parle d’une descente technique avec une montée de la mort (avec des marches à passer qui arrive sur un CP puis une carrière de sinistre mémoire).

Dans la descente, je tombe deux fois car la moto, s’est prise dans une clôture électrique sur le chemin (j’apprendrai plus tard que je ne suis pas le seul à m’être pris dans le fil). Arrivé en bas de la descente, ayant pensé que ce que je venais de vivre c’était du gâteau par rapport à la suite des festivités, un organisateur nous dit que la spéciale est annulée car un motard s’est planté et que les secours l’évacuent (je ne sais pas comment, ni où tellement nous étions loin de toute route). Au début, j’ai pensé que c’est les autres qui lui avait dit de me dire cela mais j’ai pensé au fait que plus personne ne me doublait depuis 1 heure. En fait, l’équipe Touratech était la dernière à s’être engagée sur le précédent chemin qui a été fermé car trop dangereux. J’aurais pu passer ma nuit à califourchon sur la moto sous la pluie et dans le froid (6°C) en attendant vainement une âme charitable.

Bon là, j’avoue sans fierté, que le mec qui s’est planté m’a fait un chouette cadeau car j’étais liquide rien qu’en pensant à la montée. J’ai honte mais bon il me sauve la mise.
Le gars nous dit « vous reprenez la route et vous rentrez directement à Sestrières par l’asphalte, soyez prudent ». Il doit être 01h30 du matin et la pluie s’est arrêté. Après 20’ de TT nous trouvons la route et décidons de remonter sur la trace (contre ce qui nous avait été demandé).  A 03h00 nous sommes sur la piste après la carrière (quelle joie !) et je me replante.

A 04h00, je glisse et me replante, d’où la décision, « terminé debout sur la moto, je suis trop fatigué, je passerai assis et très lentement en mettant le pied à terre. Sage décision car je ne suis plus tombé par la suite.

Je pense à la route de Finestre et de l’Assieta, du lever de soleil qui va me réchauffer car il fait 4° C et 99% d’humidité. La prochaine fois, je prendrais ma combinaison de plongée avec des genouillères….Petit déjeuner dans un bled Italien, soleil sur les 3 tables vides de la terrasse. A l’intérieur une vingtaine de participants. La patronne me voyant me dit qu’elle va me faire un expresso. Il fait bon et il nous reste 130 kilomètres à faire….Il doit être 07h30.

A enfin le graal, les 50 derniers kilomètres. Et la une certaine déception, je peux rouler à 20 k/h au milieu car il n’y a personne sur une piste caillouteuse et pas spécialement plaisante. Je suis tellement fatigué que je ne profite pas vraiment du paysage qui est maintenant baigné par le soleil.

A 20 km de l’arrivée je me fais doubler par une katoche d’Enduro, puis deux puis trois puis je ne compte plus. J’ai peur de me faire cartonner car la différence de vitesse doit être d’un facteur 5 et je n’ai plus les retros depuis ma cinquième chute. C’est l’équipe d’enduro junior italienne qui s’entraine sur le parcours de la HAT le jour où sont sensé passer 472 motards. Bon les mecs me prennent en pitié et me fond des signes d’encouragement.

Enfin l’arrivée, il est aux alentours de 11h45 et Corrado, le génial organisateur de la HAT, nous félicite, étonné que nous ayons fait pratiquement la totalité du parcours. Compte tenu du faible nombre d’arrivée, le photographe fait plein de photos de notre équipe « MYTIC n° 69 » (cela ne s’invent pas, Manu féru d’histoire grecque n’a pas pensé au site de rencontre et par chance nous avons le numéro qui va avec…

Au final, nous apprendrons que sur la dicovery les équipages se sont perdus et que sur l’Extrême le parcours a été fortement diminué en raison de la pluie.

J’ai fait la 9^ème HAT avec 10h00 sous la pluie, en réalisant pratiquement l’intégralité du parcours (sauf la montée et la carrière) sur des chemins d’enduro glissant. Je suis fier de l’avoir fait même si je me suis trainé et planté 8 fois. La fierté de passer sous la bannière gonflable de l’arrivée est quelque chose que je n’avais pas éprouvé depuis fort longtemps !

Merci pour les HEED qui sont rayés mais ont sauvegardé mes cylindres et pour les Backbuster qui ont permis de ne casser de levier, bien pour les Anakee Wild qui me font peur sur la route mais qui en s’usant sont devenu sécurisant sur route et plaisant en TT.

Carton jaune pour moi qui a failli faire un trou dans le collecteur gauche (il est sacrément marqué) sur une chute.

Carton rouge pour la jauge d’essence qui n’est pas fiable.
 
Et chapeau BMW,  la 1200 GSA  en TT extrême , même une brèle comme moi passe partout alors pourquoi pas vous ?

Plaisant à lire : on s'y croirait !

Sinon vous avez payé pour en ch... et vous avez pas été volé sur ce coup là ... 

Bravo  , très beau récit qui m'a bien fait sourire !!!

Récit captivant et bien rythmé
Tu as bien raison d'être fier de ton statut de Finisher

 ami du RCT

Très beau récit, et surtout  RESPECT  

Bien le récit, et drole ;-)
L'histoire ne dit pas si tu rotais l'essence à la réunion du mardi , ça aurait été top ça ! ( comme dans les pubs loto, devant le patron allez hop)

Excellent !!!

J'adore ton auto-dérision . 

merci pour le partage .

Bravo!

Chapeau à toi !  j'y étais et en gs ça a du être sportif !

Impressionnant les trombes d eau qu'on a pris , des conditions dantesques. On était l'équipe 90, pour ma part une gamelle dans l'aprem et une galère de carbu, tu nous a peut être vu , la 640 adv démontée sur le parking de limone bah c était moi une heure de mécanique de nuit dans le froid à la frontale ça fait plaisir lol

Le col de sampeyre à 3h du matin par 3 degrés c'était juste magique  avec les éclairs au loin

Apparemment c'était la plus dure des hat d'après corrado. C'était pour le coup une vraie aventure un truc de dingue, on est rentré crevé mais heureux de l'avoir fait

Superbe ton CR, visiblement le HAT cette année était tendu...
Et pourtant elle est bonne cette montée 

bravo et super le cr 

Beau CR.

Bien ecrit et drôle malqré tout. Ca me rappelle (un peu) des souvenirs d'il y a 2 ans, ou la pluie avait fait son apparition 2km apres le depart.
Mais là, les galères se sont accumulées. Et en GSA, ca compte double...

Un HAT bien dur, mais qui laissera des souvenirs impérissables, surtout les 40 derniers km dans un décor de ouf , quand ...il est sous le soleil ! 

Laurent06 a écrit:

Chapeau à toi !  j'y étais et en gs ça a du être sportif !

Impressionnant les trombes d eau qu'on a pris , des conditions dantesques. On était l'équipe 90, pour ma part une gamelle dans l'aprem et une galère de carbu, tu nous a peut être vu , la 640 adv démontée sur le parking de limone bah c était moi une heure de mécanique de nuit dans le froid à la frontale ça fait plaisir lol

Le col de sampeyre à 3h du matin par 3 degrés c'était juste magique  avec les éclairs au loin

Apparemment c'était la plus dure des hat d'après corrado. C'était pour le coup une vraie aventure un truc de dingue, on est rentré crevé mais heureux de l'avoir fait

A limone, J'étais tellement malade à cause de l'essence, que j'ai laissé tombé ma moto en la béquillant. Je n'ai rien vu à part le mec qui dormait à l'entrée.

EXCELLENT ce récit , on s'y croirait
et encore BRAVO

Chapeau!!!

Franck83 a écrit:

Départ à 12h45 avancé de 30’ à cause de la pluie annoncée sur les premiers kilomètres. Les numéros postérieurs au 100 éviterons les 40 premiers kilomètres de TT en passant par la route.

On était N°114, partis vers 14h et on a fait la première partie tt. On a été dévié 1 fois au milieu de la nuit et une 2ème fois au petit matin.
Je me souviens de toi, je t'ai aidé 1 fois dans une montée grasse et une autre dans la descente caillouteuse à coté du fil, ma camera a aussi pris le fil en repartant. Pour la prochaine édition évite le topcase, ça remonte le centre de gravité et c'est plus difficile de relever la moto.


Une belle brochette de HP2



Nos voisins de paddock  
Des ex-usines de 2013 :



Notre équipe au départ (je suis caché par le poteau)




On a fait tout le parcours possible en 22h15, plutôt fière de nous car je doutais quand même de ma capacité de rouler non stop aussi longtemps et les conditions étaient quand même bien difficiles. 
Les sections tt étaient vraiment cassantes avec beaucoup de caillou et de marches, je ne m'attendais pas à ça. Malgré tout la vieille africa a fait le job et plutôt bien. Si c'est à refaire je me laisserai bien tenté par un 701 ou 690 qui sont pour moi les bécanes les mieux adaptées à ce genre de trip.
C'était une super aventure où l'entraide et le dépassement de soi sont mis en avant. J'ai peur d'avoir attrapé le virus.

c'est clair que c'etait un bel esprit 

Je suis tombé à un moment, mes coéquipiers ne m'ont pas vu et ont continué un peu. J'ai à peine eu le temps d'essayer de relever la moto qu'un gars était déjà en train de m'aider en me demandant si j’étais ok. 2 secondes plus tard ils étaient 3 à m'aider à me mettre sur le coté en sécurité. 
Pareil quand je fesais de la mécanique sur le parking des gars venaient voir, proposaient un coup de main.

Vraiment sympa l'entraide, même les gens dans les villages, accueillants. J'en garderai un excellent souvenir.

Petit bémol quand même sur l'organisation, compte tenu des conditions, je trouve qu'il aurait fallu des boissons chaudes à tous les check point et ravitaillement ce qui n’était pas le cas. Même dans les zones de repas ( limone sestriere ), pas de café c'est quand même fou pour des italiens.

Corrado est adorable, mais l'orga des repas a du mal a suivre l'etalement dans le temps des equipes sur les arrets repas.
Il y a 2 ans , certaines equipes n'avaient pas pu beneficier du repas. Plus rien ! Et avaient du aller au resto. Ils etaient dans les derniers a partir mais pas du genre promene couillons.

Donc toujours des lacunes a ce niveau. Dommage, car a ce montant d'inscription , la bouffe/boisson est un minimum vital, comme tu l'indiques

Merci pour le cr , et cette note d humour.
Chapeau bas avec une grosse .

Michel69 a écrit:

Corrado est adorable, mais l'orga des repas a du mal a suivre l'etalement dans le temps des equipes sur les arrets repas.
Il y a 2 ans , certaines equipes n'avaient pas pu beneficier du repas. Plus rien ! Et avaient du aller au resto. Ils etaient dans les derniers a partir mais pas du genre promene couillons.

Donc toujours des lacunes a ce niveau. Dommage, car a ce montant d'inscription , la bouffe/boisson est un minimum vital, comme tu l'indiques

 
C'est vrai qu'il peut y avoir des ratés sur la restauration, dans notre cas nous n'avons pas eu accès au premier point, on a été dévié et je ne sais pas pourquoi. Cependant je trouve qu'ils prennent soin des pilotes, il y a les repas du samedi midi au dimanche midi, une assistance médicale tout le long du parcours et une balise d'urgence par équipe. C'est moins cher que d'autres rando proposées en France, si il faut choisir je resigne pour la hat.

Merci pour ce récit très drôle et surtout casque bas pour votre perf d'équipe ! 

francois35 a écrit:

Michel69 a écrit:

Corrado est adorable, mais l'orga des repas a du mal a suivre l'etalement dans le temps des equipes sur les arrets repas.
Il y a 2 ans , certaines equipes n'avaient pas pu beneficier du repas. Plus rien ! Et avaient du aller au resto. Ils etaient dans les derniers a partir mais pas du genre promene couillons.

Donc toujours des lacunes a ce niveau. Dommage, car a ce montant d'inscription , la bouffe/boisson est un minimum vital, comme tu l'indiques

 
C'est vrai qu'il peut y avoir des ratés sur la restauration, dans notre cas nous n'avons pas eu accès au premier point, on a été dévié et je ne sais pas pourquoi. Cependant je trouve qu'ils prennent soin des pilotes, il y a les repas du samedi midi au dimanche midi, une assistance médicale tout le long du parcours et une balise d'urgence par équipe. C'est moins cher que d'autres rando proposées en France, si il faut choisir je resigne pour la hat.

Merci François de m'avoir aidé par deux fois et j'étais tellement cuit que je ne me rappelle même plus qui j'ai croisé ! Le top case (c'est vraiment moi) avait un sac de couchage et un matelas gonflable que j'ai baladé puisque personne n'a pu couché (à part le gars à l'entrée de la tente à Limone).

Avez vous vu les photos sur:

http://fotograficasestriere.com/gallery.php?mode=gallery&id=3320&page=1

Tu m'as fait rire quand tu disais merci dans toutes les langues " merci , thank you, gracie......
J'ai eu aussi un bon coup de barre avant le lever du jour mais c'est passé des que les rayons du soleil m'ont réchauffé.

Franck83 a écrit:

http://fotograficasestriere.com/gallery.php?mode=gallery&id=3320&page=1

Francois, page 5 en bas.  
http://fotograficasestriere.com/gallery.php?mode=gallery&id=3334&page=5
J'ai hate que vous me racontiez votre HAT les gars.

Par contre, il ne devrait pas y avoir d'enduro sur la HAT normalement !?
Comment ca se fait qu'elles sont autorisées?


Sacré récit Franck !

Ah oui vous étiez quand même bien préparés !